L’histoire hippique de Maisons-Laffitte trouve ses origines au XVIIIᵉ siècle, lorsque le comte d’Artois, futur roi Charles X, acquiert le château et ses domaines pour y installer ses écuries. Au fil des décennies, les activités équestres s’y développent, conférant à la ville une réputation croissante dans le monde du cheval. Un siècle plus tard, cette vocation prend une nouvelle ampleur avec l’inauguration en 1878, d’un vaste champ de courses. À son apogée, dans les années 1950, Maisons-Laffitte abritait près de 3 000 chevaux répartis dans quelque 400 écuries, faisant de la commune un haut lieu de l’hippisme français. Aujourd’hui, les écuries restantes sont concentrées dans le parc résidentiel, vaste domaine de 330 hectares géré par l’Association syndicale du parc (ASP). Cet espace aux zones boisées protégées associe un merveilleux patrimoine architectural du XIXe siècle et des allées cavalières qui contribuent à un environnement favorable aux activités équestres, et ce au milieu des habitations. Pour protéger ce patrimoine, la mairie a interdit de dénaturer les bâtiments d’écurie et à les transformer en logements. « Elles doivent rester des lieux dédiés aux chevaux », rappelle Béatrice Vivien, maire-adjointe déléguée à la culture et au patrimoine.
Le centre d’entraînement, géré par France Galop, accueille aujourd’hui 30 entraîneurs et environ 500 chevaux de course. Seul site de la région Île-de-France dédié aux chevaux de galop et aux obstacles, il constitue une référence incontournable pour la filière. Si le secteur a connu une forte décentralisation vers Chantilly ou la province, Maisons-Laffitte conserve une place importante grâce à sa réputation et à la diversité de ses pistes : sable, sable fibré, gazon, obstacles ou encore le « rond Adam », reconnu nationalement pour sa polyvalence avec ses 55 obstacles.
« Maisons-Laffitte reste l’un des centres les mieux équipés de France », souligne Lucien de Colbert, responsable d’exploitation. Pour l’entraîneur Gianluca Bietolini, installé en 2015, l’environnement joue un rôle déterminant : « Le passage quotidien par le Parc pour rejoindre le centre d’entraînement depuis les écuries habitue les chevaux au bruit et à la présence humaine. Cela constitue un réel atout pour leur préparation. »
Fermé en 2019, l’hippodrome demeure au centre des discussions mais son avenir semble avoir enfin été décidé. Les pistes sont entretenues et pourront accueillir à nouveau des courses. « Nous avons tout fait pour que l’hippodrome ne devienne pas une friche industrielle », indique Béatrice Vivien. En attendant, le site conserve une valeur environnementale et symbolique pour la commune.
En parallèle, la ville mise sur les chevaux de selle, d’avantage destiné au loisir, eux aussi au nombre de 500. Depuis 2025, le Club Hippique de Maisons-Laffitte et les carrières Molière forment le nouveau « pôle hippique de Maisons-Laffitte », géré par Cyril Clavel. L’ensemble propose enseignement, compétitions et pensions.
Pour son directeur, préserver le patrimoine équestre, c’est aussi préserver un cadre de vie : “Il faut rappeler aux habitants que le cadre de vie exceptionnel de Maisons-Laffitte repose sur la présence des chevaux. Sans eux, la pression urbaine et la densification risqueraient de transformer profondément la ville.”
La commune affiche une belle parité entre chevaux de course et chevaux de selle qui sont autant mis à l’honneur. Plusieurs week-ends par mois, le pôle hippique organise des concours ouverts au public aux carrières Molière, qui appartiennent à la mairie depuis 2019. L’office de tourisme propose également des visites du centre d’entraînement, suivies autant par des visiteurs extérieurs que par des Mansonniens, souvent peu familiers de ce patrimoine.
« Le monde des courses reste perçu comme inaccessible », reconnaît Béatrice Vivien. « Mais ces visites suscitent un réel engouement. »
Les écuries Marivaux à Maisons-Laffitte, septembre 2025 – ABEL LLAVALL-UBACH
Le patrimoine hippique de Maisons-Laffitte s’incarne aussi dans ses écuries privées, comme les écuries Marivaux, anciennement dédiées aux chevaux de course et aujourd’hui converties en écuries de selle. L’établissement de Charles Bariller, l’un des plus importants du centre de Maisons-Laffitte au début du XXᵉ siècle, devient rapidement le plus grand en France en nombre de pensionnaires, avec 97 chevaux dans les années 1930. Pendant la seconde guerre mondiale, Charles Bariller sera dénoncé aux autorités allemandes pour avoir caché un fusil et sera déporté en Allemagne où il trouvera la mort, laissant une empreinte durable dans la mémoire collective de la profession.
Mais loin de se figer dans la nostalgie, la ville poursuit son élan vers l’avenir. Maisons-Laffitte continue d’écrire son histoire : celle d’une cité où le cheval, plus qu’un symbole, reste un véritable art de vivre.
📌 Visites du centre d’entraînement (sur réservation) : Office de Tourisme de Maisons-Laffitte – 41 avenue Longueil – 78600 Maisons-Laffitte – 01 34 93 12 00
📌 Écurie Marivaux – 9 Av. Marivaux, 78600 Maisons-Laffitte – 06 12 41 46 46 – contact@ecuriemarivaux.com – Cours et stages d’équitation pour enfants, adultes et compétiteurs, pension chevaux et poneys.
📌 Pôle Hippique de Maisons-Laffitte – Avenue Molière – 78600 Maisons-Laffitte – 06 72 12 68 40 – pole@eqinvest.fr
